Retours sur l’origine des Infolabs

Prez infolab-bilan2015 from Fing Association

La réflexion sur la culture des données est issue au départ d'une réflexion "Innovation démocraTIC", menée en 2012, sur les transformations des formes de participation citoyenne, par le numérique. L'Open Data se développait véritablement en France, et avec elle les promesses de transparence et de renforcement de la participation citoyenne. Seulement la culture des données, et celle de l'Open data public, en particulier était quasi-inexistante.  Nous étions plusieurs à partager ce constat : La fonderie, Libertic ...

Le forum des associations de la Mairie de Paris de novembre 2012 a été l'occasion d'expérimenter un premier Infolab grandeur nature. 

A cette occasion, nous utilisions nos premières ressources :

•    Une ExpoViz organisée quelques mois plus tôt par la Fonderie, et qui tourne encore aujourd'hui dans d’autres Infolabs tels que La Péniche de Grenoble,
•    L’atelier sur les prénoms de Simon Chignard qui a été étayé au fil du temps,
•    Un atelier sur les données de l’eau, réalisé en partenariat avec l'agence de l'eau de Paris...
•    Un atelier de sensibilisation à l'Open data avec LiberTIC
•    Un atelier psy-data : "dites-moi les données que vous avez, on vous dira ce que vous pouvez en faire d'autres". 

La rencontre avec les publics associatifs s'étant révélée très fructueuse, elle a ouvert la voie à une campagne Infolab saison 1 en 2013, en partenariat avec la Région PACA, le CG Gironde, l'agglomération de Bordeaux, le CRIJ Poitou-Charentes, les Villes de Rennes et de Paris. 

Qu'est-ce que la culture des données ? A quel type de public renvoie-t-elle ?  Pendant des années la culture des données a été une culture restreinte à des experts : soit de la statistique publique, soit de la business intelligence. De nouvelles communautés ont émergé dans le champ de la relation client (CRM / VRM), du quantified self, puis de l'open data, des données personnelles. Mais la culture data reste encore réservée à des acteurs très "geeks". Les données étant désormais partout, comment peut-on étendre et démocratiser la culture des données ?

Au départ, notre réflexion a été guidée par les comparaisons Infolab vs Fablab. Il en était sorti une charte des Infolabs.  Puis chemin faisant, avec les différents partenaires, nous avons exploré de nouveaux domaines, de nouvelles manières de faire :

•    une réflexion menée sur les compétences utiles pour traiter les données ;
•    la réalisation d'un parcours d’évaluation d'un projet utilisant de la donnée ;
•    l'animation de communautés thématiques : sur la gestion des déchets, sur l'orientation-formation-emploi ; 
•    la constitution d'un portail référençant tous les outils existants ;
•    un module de formation à la "médiation aux données".

Le concept d'Infolab s'est affiné, petit à petit. Il s'est défini comme un espace collaboratif dédié à la compréhension, la manipulation et l’exploration des données. Il s'est structuré autour de 3 grandes fonctions : 
•    Initier, former
•    Incuber, développer des projets,
•    Débattre, créer des connaissances.

Cela se traduit par : sensibiliser à l’univers des données, s’initier aux données, produire et stocker des données, partager des données, rechercher des données, évaluer des données, transformer des données, visualiser des données, informer à l’aide des données, comprendre à l’aide des données, prévoir et décider à l’aide des données, inventer et réaliser des applications ou des services, mettre en débat avec les données
Le tout se met en musique à partir de : 
•    Ressources : Outils, Catalogue de données, Base d’outils, Serveurs, Base de données…
•    Compétences : Design,,Informatique, Développement, Juridique, Statistique,
•    Méthodes : Parcours de formation, Animation, Parcours de découverte, Evaluation, Production collaborative.

Petit à petit, la communauté aussi a grandi et en 2014, les rencontres de Futur en Seine ont été l'occasion de réunir un très grand nombre de ces acteurs participant à l'extension de la culture de la donnée : une trentaine d'initiatives présentée. 

En 2015, il reste encore beaucoup à faire pour que les datas ne restent pas un mouvement entre les seules mains de geeks et s’ouvrent pleinement aux journalistes, acteurs urbains, aux citoyens et associations….

Beaucoup de questions se posent encore. Parmi celles-ci : 
•    si les initiatives d'Infolab se multiplient, elles restent très différentes les unes des autres : dans les publics accueillis, dans les modes de médiation, dans les données thématiques/métiers explorées. Quel sera le socle commun à ces différentes initiatives ? Cet ensemble ferat-il système ? Le doit-il ? 
•    La question de "l'Open" : manipuler des datas nécessite vite de faire avec d'autres compétences, d'autres jeux de données. Les datas bousculent très vite les frontières des organisations, les questions de propriété intellectuelle, etc. 
•    les données personnelles, les self-datas constituent un vrai levier d'interpellation et d'éducation. Mais comment accompagner les publics dans la gestion de leurs données personnelles sans être intrusif ? 

Evolutions possibles pour les Infolabs

A l’émergence des réflexions sur les Infolabs, la Fing a parallèlement lancé un programme sur les données personnelles avec la campagne de la Fing : mes Infos qui traite de selfs datas, quantified self, de réappropriations des données par l'usager…ce sont également des leviers d’appropriation de la donnée.

Où en sont les Infolabs en 2015 ?

En 2015, la région la plus active dans le domaine des Infolabs est la région Rhône-Alpes. Le Tuba est un Infolab qui a ouvert en novembre 2014. Quatre autres Infolabs sont en émergence : Crij Rhône-Alpes, la Péniche à Grenoble, l’Iram porté par l’université Jean-Monet de Saint-Etienne, Altercarto . La région Paca est elle-aussi très inspirée par thématique avec 3 réflexions sur le sujet encours. Dans le reste de la France, on peut comptabiliser trois autres projets également en réflexion.

Pour accompagner ces projets d’Infolabs, la Fing poursuit sa campagne qui s’adresse soit aux territoires, soit aux organisations.

Dans les territoires, le travail se traduit par : 
•    une introduction aux bases de la médiation aux données pour les partenaires,
•    un accompagnement des projets sur le terrain,
•    une aide à l'élaboration du projet : objectifs, programmation, etc.
•    un soutien tout au long du montage

En ce qui concerne les organisations, le suivi est très différent puisque on note très souvent la présence de datascientists ou de « datalabs » internes mais les besoins en médiations et d'acculturations aux données restent forts.
Dans les organisations, la Fing apporte sa compétence pour : 
•    une introduction aux bases de la médiation aux données,
•    des déploiements internes des outils et méthodes « Infolab »

D’une façon générale, le travail de la culture et de la médiation aux données est balbutiant. D’où la mise en place de deux séminaires : un pour les Infolabs organisations et un pour les Infolabs territoriaux.

Nous travaillons à la constitution d’une communauté, la création d’une base de données des Infolabs, la centralisation des ressources dans http://infolabs.io/... de sorte qu’ensemble nous construisons la première communauté d'espaces de médiation aux données.